Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/15

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— Mon bon Sam, lui dit Madeleine, je vais te faire une petite prière ; tu avais envie peut-être de me faire danser ce soir, dis ? Oui ! Eh bien, ne me le demande pas, veux-tu ?

— Pourquoi ? fit en sursautant Wartz qui n’avait encore connu de sa jeune femme que les douceurs, mais non point les singularités.

Et il eut l’idée qu’elle avait honte de lui si peu mondain.

Elle lui répondit très bas une phrase qu’il ne comprit pas ; la voiture avait recommencé sa course ; le roulement sur le pavé sec d’une nuit d’hiver, le fracas des vitres secouées dans leur châssis les assourdissaient, et Wartz ressentait la cruauté de l’incertitude. Une minute plus tard, alors qu’en se penchant ils auraient pu déjà voir la façade illuminée de l’hôtel de ville où se donnait la fête, elle força la voix pour couvrir le bruit qui les enveloppait.

— Je te demande de ne pas danser avec moi, et voilà tout. Il me semble que je t’ai laissé suffisamment lire en moi pour soupçonner que je m’impose là une privation. Tu as bien mille soucis, mille combinaisons politiques que tu ne peux me confier. Les femmes ont aussi leur politique, une politique secrète de leur cœur…