Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/156

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cette heure de l’après-midi, on ne voyait personne. Sur la chaussée, des voitures roulaient à une vitesse désordonnée. À quoi donc fallait-il s’attendre ici ? Madeleine, si brave qu’elle fût, hésita un instant puis, prenant son parti, gagna la place de l’Hôtel-de-Ville. Et voici que, comme elle était là, serrant en grelottant le manchon à sa taille, il déboucha d’une rue adjacente une nouvelle horde d’êtres pareils à ceux qu’elle venait de voir, allant par couples, chantant… Ils se dirigeaient vers le fleuve ; elle les devina en route pour rejoindre les autres. Et partout où elle allait maintenant, rue de la Nation, où l’on ne voyait d’ordinaire que des élégances, — coupés vernis et parfumés, belles. personnes en emplettes, hommes raffinés, chercheurs de jolis visages, — rue aux Moines où les vitrines étaient des musées d’art et d’orfèvrerie, et où l’on passait par dilettantisme, rue du Beffroi, ce n’étaient plus que ces déguenillés au rire vicieux, accrochant à leurs bustes d’autres bustes de femmes, secoués de cris, d’injures, ou de chants. Ils étaient innombrables, ils surgissaient de chaque rue. Oldsburg semblait n’être plus peuplée que de cette vermine, elle qui la cachait jusqu’ici en des repaires inconnus !

Mais là, que se produisait-il ? La rue aux Moines,