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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/175

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nait à la jeune femme ce prénom dont il ne la nommait jamais que dans sa pensée.

Il réfléchit longtemps. Ce qu’il entendait confirmait en son esprit une logique en formation. Puis voulant expliquer cette mystérieuse complexité de Wartz, l’être au-dessus de nature et par cela même au-dessus du blâme, il développa sa conception.

— Ni vous, ni moi, n’avons le droit de le juger, dit-il en revenant s’asseoir près de Madeleine ; il nous dépasse trop. Il nous effraye par le mal qu’il a causé aujourd’hui. Et à qui faites-vous part de vos inquiétudes, ma pauvre enfant, quand moi, secrètement, dans mon cœur d’ami, j’ai senti ce qui se passait dans votre cœur de femme ! Il nous fait peur. C’est un grand criminel aux yeux timorés de notre affection ; mais si, à cette heure, il entrait ici, il faudrait lui tendre les bras, l’aimer, le louer ; il vous faut, vous, le faire plier sous le poids de votre amour ; vous ne saurez jamais être assez tendre, assez dévouée, pour atteindre ce cœur triste et isolé de grand homme. Triste ! vous savez comme il l’est intimement, lui que votre jolie gaieté d’oiseau ne déride même pas, lui qui ne jouit jamais de cet esprit, de ces mots auxquels vous vous plaisez tant ! Triste et seul comme un