Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/176

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prophète ! Qui l’a vraiment connu ? Est-ce vous ? Vous n’oseriez le dire. Est-ce moi, vieux praticien des hommes, qui ne m’étais jamais douté de la puissance qu’il cachait ? le châtelain d’Orbach, peut-être, qui s’était asservi ce génie, et le faisait dîner à part quand il recevait à sa table ! Méconnu, inconnu, s’ignorant lui-même, portant sans le savoir sa force, c’est l’homme de la Destinée, l’homme fatal, créé pour faire ce qui doit être, et qui l’accomplit en dépit de tout.

Madeleine sentait ses yeux s’emplir maintenant de larmes délicieuses. Il fallait savoir comme elle que le vieil ami l’aimait, pour goûter vraiment ce qui se cachait d’indicible sous ses phrases. Très émue, elle voulait le remercier de redonner à l’image de Samuel l’auréole éteinte ; elle murmura pour la seconde fois :

— Vous êtes bon, docteur, vous êtes bon d’être venu me dire tout cela.

Souriant, il regardait complaisamment cette joie d’aimer revenir en elle. Il continua :

— Ce matin, les journaux portaient en manchette ces simples mots : « La loi Wartz. » Et l’on ne pensait, en lisant ce titre, qu’à la proposition concernant l’instruction populaire. Je vais vous dire, moi, ce que c’est que la loi Wartz,