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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/18

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gique qui sentait la révolution venir, et qui dans son état-major de ministres, de conseillers, de ligueurs royalistes, travaillait secrètement la nation au rebours. Samuel Wartz nourrissait à son égard le sentiment qu’ont les hommes d’affaires pour une veuve qui gère bien son commerce après la mort du chef de maison. C’était à ses yeux une Poméranienne intelligente, mais il haïssait en elle la personnification de l’idée monarchique. Combien, tout jeune homme elle toute jeune Reine — il avait raillé le culte qu’on lui vouait dans la noblesse provinciale, comme à une déesse. C’était ses images enguirlandées de fleurs, ses actes mêmes, ses décrets sur quoi l’on n’avait pas droit de réflexion, son nom que les vieux gentilshommes se levaient pour prononcer, leur accent pour dire : « La Reine ! »…

Les gardes du corps, sanglés dans leur uniforme de drap blanc à boutons de cuivre, étaient échelonnés le long de l’escalier. En levant les yeux, on voyait, derrière un massif de bananiers et de palmiers, la tente rouge de l’orchestre qui portait les deux lettres brodées de fil d’or : B. H. — Béatrix de la dynastie des Hansen. — Puis, comme c’était l’heure la plus brillante du bal, après une pause d’un instant, les musiciens attaquèrent la