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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/19

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grande valse poméranienne dédiée à la Reine : Béatrix, qui était devenue tellement populaire, que c’était comme un second air national ajouté au véritable. Madame Wartz ne put se retenir de fredonner entre les dents cet air berceur, à deux temps, que l’harmonie énervante des violons faisait vibrer dans tout le monumental hôtel. Les gamins, dans les rues, sifflaient Béatrix, les petites filles poméraniennes en jouaient au piano une édition simplifiée, la musique du régiment des gardes la donnait à chaque concert, et dans la campagne la plus lointaine, on la dansait à toutes les noces. Insensiblement, dans cette musique tout simplement sensuelle, s’était incarnée une idée, et, dès les premières mesures, s’évoquait dans les esprits une figure nuageuse de femme portant le diadème.

Un petit homme brun, à lunettes, que l’habit faisait paraître plus replet, passa devant eux escortant une dame âgée.

— Le ministre de l’Intérieur, prononça tout bas Samuel Wartz.

Dans la galerie où aboutissait l’escalier, on dansait. C’était un tournoiement de belles chevelures blondes, — toutes les Poméraniennes étaient blondes et Madeleine disait, en parlant de ses