Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle rougit imperceptiblement, et si Samuel l’avait regardée alors, il aurait senti ses yeux fuir les siens. Mais il revoyait, pour la première fois, le docteur depuis la veille.

— Monsieur Saltzen ! murmura-t-il.

Et il alla vers lui comme un homme accablé d’un fardeau trop lourd va vers l’allégeance d’une amitié sereine, d’une amitié d’exception comme celle-ci. La jeune femme, curieuse, épia ce qu’ils allaient se dire : elle attendait un trait d’esprit du docteur, quelque mot délicieux ; mais les deux hommes se serrèrent la main silencieusement, et, quand ils s’écartèrent l’un de l’autre, Saltzen s’en alla vers un médaillon de la Reine, près duquel, comme pour mieux voir, d’un coin du mouchoir il essuya son lorgnon mouillé. Madeleine était de ces imaginations délicates, sur lesquelles un mot pèse plus qu’une phrase, un silence plus qu’un mot ; elle comprit la muette admiration de Saltzen pour le grand homme ; elle en demeura plus impressionnée encore qu’elle ne l’avait été par la venue de Samuel.

— Quelle journée pour toi ! prononça-t-elle timidement.

Il lui semblait pour la première fois contempler ce génie.