Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/183

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Et aussitôt ses mains, ses coudes fragiles, ses poignets étaient broyés dans les mains du mari qui la reprenait et la serrait ; son regard si puissant, avec son double fluide de maîtrise et de passion, la brûlait et la dévorait. Chose étrange, pendant qu’elle s’abandonnait à cette rude caresse, elle se sentait, dans son cœur frémissant, bien moins l’épouse que la victime de ce mari, dans un besoin, presque religieux, d’offrande et d’immolation. Nous avons tenu conseil toute l’après-midi, raconta-t-il. Ce soir, j’ai dû me rendre à la caserne de la Garde ; il s’y est passé des choses très regrettables… J’ai donné des ordres ; un nouveau colonel a été nommé d’urgence, à l’ancienneté. J’ai obtenu la neutralité du régiment jusqu’à la promulgation de la Constitution qui sera présentée au nouveau Parlement, dans huit jours. Tout est calme maintenant.

— Ainsi, dit le docteur, vous y êtes allé, et cela a suffi !

L’enthousiasme brillait dans les yeux du vieil homme.

— L’Idée que je représente a seule tout pacifié, reprit le jeune ministre.

Mais il avait beau dire, et plutôt par principe que par modestie, se disculper d’être quelqu’un,