Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/190

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Sud. Les provinces frontières montraient moins d’exubérance épistolaire ; de même aussi les dépêches n’en apprenaient-elles que de calmes manifestations de presse ou de réunions publiques.

Et souvent, dans les quelques heures de repos que la nuit seule lui accordait, Samuel allait s’accouder au balcon de pierre qui dominait le quai. Le dégel était venu ; le fleuve roulait dans l’eau noire, des glaçons blancs, et par delà les halètements de la ville endormie, Wartz scrutait les lointains, il aspirait les atmosphères troublées et tièdes venues du Sud, il cherchait, dans les nuées torses et lourdes qui se heurtaient au ciel, le souvenir des pays qu’en voyageant elles avaient obscurcis de leur ombre. Car ce n’était plus désormais Oldsburg seule, mais la Poméranie entière qu’il possédait, qu’il avait comme épousée dans un mariage mystérieux. Du Nord comme du Sud, des villes comme des campagnes, il sentait converger vers lui les pensées en travail. L’œuvre des prochaines élections s’accomplissait dans les esprits ; par des milliers de suffrages intentionnels, les élections étaient déjà virtuellement faites, sous l’action de son influence. Ses idées planaient sur le pays comme une lumière. Il était partout. Mais