Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/192

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serraient la chevelure de la jeune femme pendant le sommeil ; elle étendit sur une chaise la robe de blanc linon dont elle fit bouffer la dentelle du bout de l’ongle ; elle posa sur la descente de lit les deux pantoufles de soie. Au passage, devant une glace, elle s’arrêta, se mira un instant, puis, sa tâche finie, elle ne partait pas.

Elle ne partait pas ; elle songeait, la main sur sa hanche frêle. Son jeune corps, un peu ployé en arrière, eut un étirement de lassitude qui accusait la longue journée de labeur. Et, de nouveau, Samuel vit bouger à travers la chambre la petite silhouette noire au tablier blanc. Il la crut en passe d’aller commettre quelque indiscrétion parmi le désordre que Madeleine, souvent, laissait après elle dans sa chambre. Et en effet, elle vint au secrétaire dont l’un des tiroirs n’était que mi-clos, avec un paquet de chiffons, de gants, de voilettes, de lettres d’amies, de bouquets séchés. Et il en souffrit, car il lui avait imaginé une âme très délicate et timorée.

Mais, sans donner le moindre regard à ces intimités, elle avança son joli visage aminci vers la photographie de Wartz que Madeleine avait placée là ; et les lèvres tendues, furtivement, elle baisa, sans l’effleurer, l’image de son maître.