Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/194

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rôle ambigu de domestique savante, à tout ce qui l’avait souvent transformée à ses yeux en un symbole charmant de la plébéienne future, il s’enorgueillissait.

À partir de ce jour, il se mit à l’observer avec une attention anxieuse. Il étudiait ses allées et venues, son service, ses attitudes, toute la façon dont elle se comportait avec ce secret qu’elle avait dans le cœur. Elle fut impeccable. De cette chaleur d’âme qu’elle avait montrée, de l’ardeur de ce baiser et de tout ce qu’on pouvait supposer derrière son masque impassible, rien n’apparaissait. Un peu lente, elle s’absorbait dans son travail. Samuel, pourtant, restait quelquefois très attendri devant elle. Il regardait à la dérobée ses lèvres fermées, d’un rose très pâle d’enfant maladive, et il songeait à ce baiser qu’elle lui avait tendu, ce baiser offert à son image, mais qui était demeuré en route, sans pouvoir jamais, sans vouloir parvenir jusqu’à lui.

Madeleine lui dit un jour :

— Regarde, Samuel, ce que j’ai trouvé dans la chambre d’Hannah ! Mademoiselle dissimule cela sous son lit, et, la nuit, au lieu de dormir, elle lit.

C’était une pile de journaux, tous les derniers