Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

numéros du Nouvel Oldsburg, qui n’étaient remplis que de son nom. Il haussa les épaules en disant cette phrase banale :

— Laisse-la ; que veux-tu, cette enfant se distrait si peu de son travail tout le long de la journée !

Et il pensa désormais, non pas tant à ce cœur de la petite servante, si chaud et si fermé, qu’à son cerveau, à tout ce qui s’y dissimulait de pensée ardente, en présence du drame actuel, devant l’ascension lente, le triomphe de sa propre caste.

Mais tout cela était si peu de chose, semblait-il, dans sa vie ! Sa voiture le menait chaque matin au Conseil des Ministres. Plusieurs fois on le reconnut au passage ; ce furent des ovations : parcelles et éclats de cette popularité qui s’étendait à tout le pays. Des attroupements se formaient d’ailleurs souvent au coin de la rue aux Moines pour le voir passer. À peine avait-on signalé sa voiture, que retentissaient les vivats ; des mains frémissantes agitaient des chapeaux ; un délire d’enthousiasme se lisait sur les visages, dans ces yeux éperdus d’hommes possédés d’un culte. Wartz goûtait tout cela au passage, et continuait sa route.

Alors, il arrivait parmi ses collègues l’âme molle, la pensée languissante, enveloppé dans ces fluides passionnés d’admiration et d’amour, qu’il sentait