Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/196

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monter à lui. Et la Constitution s’achevait par le travail des autres, le travail de Braun surtout, qui, avec son esprit moindre, faisait tout. Jointiste des pouvoirs, ciseleur des lois, maçon de cet édifice de la Nation nouvelle, il était fait, avec son instinct de solidité, pour en bâtir la charpente, tandis que Wartz, plus indolent, n’intervenait que pour y jeter cette note de tendresse envers le peuple pauvre, la charité des institutions, l’esprit démocratique. Braun et les autres bâtissaient, lui donnait le style. Il était l’architecte.

Souvent, la séance du conseil se continuait l’après-midi ; il rentrait harassé, ne faisait qu’apercevoir Madeleine, et recevait Auburger, qui l’entretenait parfois pendant des heures. La nécessité lui imposait de plus en plus étroitement cet homme qui, chaque jour, gagnait sur son temps un peu plus de temps, sur sa pensée, un peu plus d’intimité. Samuel avait l’impression physique de lui être rivé, l’impression d’une condamnation implacable, les liant. Le pays traversait une période de calme. Après l’explosion des premiers jours, réprimée énergiquement par le nouveau ministère, l’ordre semblait bien rétabli. À la fin de cette première semaine, plus de rixes, plus de réunions, plus de sang, un silence national.