Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/197

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Le docteur Saltzen, poète ingénieux, écrivit dans le Nouvel Oldsburg un article sur la pacification de la rue, qu’il attribuait à la rigueur de la saison. Le charmant homme voyait l’humanité comme une grande floraison, changeante avec les époques du soleil. Le printemps à ses débuts épanouissait les âmes en rêve et en sentiment ; les jours caniculaires, ceux qui achèvent de leur énergie torride la maturité des moissons, faisaient, selon lui, dans la partie obscure et comme végétale de l’être, sourdre le goût du sang, des atrocités et du meurtre : les émeutes de l’été sont les plus horrifiantes. L’automne était la saison des doux plaisirs et de la vertu ; et l’hiver finissant laissait la raison et le travail maîtres sereins de l’homme. C’était l’heure idéale pour les changements d’État, pour les révolutions laborieuses, qui s’accomplissent sans inutiles cruautés ni folie. — Suivait une apologie nouvelle de Wartz que le docteur s’exaltait toujours à louer.

Et pendant que les Poméraniens lisaient cette rhétorique, l’homme d’État, qui ne se payait pas de ces hypothèses, plus méfiant, faisait insidieusement scruter la ténébreuse masse qu’est une nation, par cet homme au flair de chien qu’était Auburger. Et Auburger sut tout de suite que le soleil