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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/198

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ou le temps gris, les rafales de janvier et les mystérieuses influences de l’hiver, n’étaient pour rien dans ce phénomène qui avait soudain glacé la foule. Il avait vite deviné là l’influence de la reine Béatrix qui, de son côté, travaillait en secret la masse populaire. L’État agonisant tentait une suprême manœuvre contre celui qui ne l’avait pas encore terrassé. Tout restait clandestin et invisible, mais, avant de disparaître du théâtre de sa gloire, la Dame en noir mettait une dernière fois en œuvre le pouvoir de sa personne même. De tels jours étaient venus, que cette Reine alla jusqu’à rappeler désespérément l’opinion par l’attrait de sa personne. On distribua dans les rues, on glissa sous les portes, on étala aux yeux de tous, une image qui la représentait assise, en robe à traîne, tenant son fils debout contre elle. Il y avait aussi des conférences royalistes, et ce qui restait de la Presse conservatrice s’épuisait en violentes attaques contre les candidats républicains. On affichait partout une proclamation de la souveraine, d’où s’exhalait un cri si douloureux, une plainte si fière, un appel si poignant à la nation, que nul ne la pouvait lire sans s’émouvoir. Mais ce qui jeta cette stupeur dans le peuple, dans le bas peuple, ce fut cette apparition de l’image, le royal prospectus qui