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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/200

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Cet homme faisait métier d’être l’ami des servantes. Il avait, dans la ville, une dizaine de liaisons : cuisinières royalistes des grandes maisons de la rue Royale, femmes de chambre futées de la rue de la Nation, par la bouche desquelles s’évadaient les plus intimes secrets des intérieurs oldsburgeois. Et ce n’était pas sa moindre besogne, au milieu de tant de soucis divers, que ces amours d’arrière-cuisine, périlleux et difficiles, qu’il fallait mener avec stratégie, ménager et exploiter en même temps, en leur demandant tout le bénéfice possible. Et vraiment, il maniait le vice, le mensonge, l’hypocrisie et l’immoralité avec tant d’ampleur, il faisait si génialement ses dupes, et si grandement ee honteux commerce, qu’il se haussait à quelque chose d’héroïque dans le Mal.

Mais, dès qu’il se fut agi d’Hannah, Wartz se jura qu’il défendrait cette très noble fille contre ce coquin, et il le reçut avec plus de froideur que jamais.

Auburger, après avoir déposé, comme à l’ordinaire son lourd chapeau de feutre rond sur une chaise, dans le petit cabinet privé de Wartz, se mit à tirer de ses poches une liasse de documents : télégrammes chiffrés venus de toutes les villes poméraniennes, notes griffonnées au crayon après un rendez-vous galant, dans quelque chambre meu-