Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/205

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le ministre, vous pouvez vous cantonner dans ces hautes régions ; vous menez la masse de loin ; vous restez ainsi incorporé un peu à l’idéal que vous prêchez, et il en résulte un effet très grand, très beau. Le général, qui conduit ses hommes à la bataille, reste nuageux dans la fumée, avec de nobles gestes seulement ; mais si les sous-officiers ne s’occupaient pas de mettre de la soupe au ventre des soldats, avec du sel et autre chose qui brûle, le général pourrait gesticuler sans qu’un seul homme bouge. Vous êtes le général, monsieur le ministre, et nous, nous sommes les sous-officiers.

— Votre idée est honteuse ; dit Wartz, vous grisez le peuple pour lui arracher une approbation qui ne vaut que par sa spontanéité même ; nous bâtirons ainsi la République sur des assises déshonorées. Au surplus, c’est assez discuter ; je ne consentirai à aucune concession sur ce point, et vous pouvez vous retirer.

— Non, monsieur le ministre, pas encore, car si je m’en allais, vous seriez pris dans ce fâcheux dilemme ou de me rappeler, ce qui vous abaisserait, ou de perdre votre partie, car je suis un homme nécessaire. Gardez-moi donc et écoutez-moi. Que va-t-il se passer si nous nous laissons aller à une