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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/206

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trop facile confiance dans cette spontanéité du peuple dont vous parlez ? Les royalistes auront le champ libre, ils feront ce que vous n’aurez pas fait. Et puis, songez-y, c’est maintenant la Reine qui est en cause ; c’est sur son nom que se livre la bataille ; si vous n’intervenez pas un dernier coup, sa réalité de femme l’emportera vite, chez ces gens simples, sur l’abstraction de la démocratie, et dans trois jours, vous la verrez consolidée sur son trône par une majorité conservatrice. Or, remarquez, vous avez bien exagéré ma pensée ; je pensais seulement à exercer une influence par des harangues ne propageant que vos propres idées, par un second tirage de votre portrait avec votre discours, qu’on répandrait sur les tables d’estaminets. Quant aux malpropretés dont vous m’attribuez le projet, elles se réduisent à quelques gouttes d’alcool dont on électrisera le sang de la masse déjà fouetté d’enthousiasme. Voilà ce que vous ne m’aviez pas donné le temps d’expliquer, monsieur le ministre.

— J’exige, reprit Wartz sans changer de ton, le détail strict de l’emploi de cet argent. (Et il se mit à préparer une liasse de billets.) J’exige qu’on ne l’emploie pas à enivrer les électeurs ; vous m’en répondez implicitement, Auburger, et si mes rapports m’indiquent que vous m’avez trompé, il