Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/208

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— Maintenant, dites à madame que je vais la rejoindre dans sa chambre.

Elle partit sans avoir desserré les lèvres, ses lèvres blêmies qui frémissaient. Le maître avait vu pour la première fois de cette manière ses jolis yeux, un peu ternes et tristes, qui avaient tant pleuré. Et son silence, cette dignité charmante l’avaient ému plus que tout. Il rejoignit Madeleine.

— Samuel, dit-elle, dès son entrée, je te demande pardon de prendre pour moi un peu de ton temps, mais ce ne sera pas long, je te le promets.

Elle était debout, serrée dans une robe sombre qui boutonnait au corsage sur de la soie rouge. Ses cheveux étaient très noirs, ses yeux très bleus et brillants sous l’arcade longue des sourcils, et la prunelle vacillait, comme une petite lumière sous un grand vent.

Elle mit la main sur le bras de son mari :

— Je ne peux pas souffrir d’avoir rien de dissimulé pour toi ; ce qui se passe chez toi s’entend ici… j’ai perçu tout à l’heure un bruit de querelle, j’ai tout écouté. Ainsi, Sam, tu as donné de l’argent à cet homme, pour faire boire ceux qui seront demain la voix du pays. Tu as consenti à