Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/21

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Ces deux baies formaient comme un balcon au-dessus de l’escalier dont elles séparaient le trou béant de la galerie où l’on dansait. Il y avait là plusieurs hommes graves qui semblaient rappeler à la foule combien était artificiel le côté fastueux et léger de ce bal politique ; mais, parmi tous ceux-là, Madeleine n’en avait reconnu qu’un seul.

— Samuel ! Samuel ! dit-elle vivement, vois donc l’oncle Wilhelm, là-bas.

Mais déjà il venait à eux, grand et mince, fin comme un de ces fleurets d’escrime qui étaient sa passion de vieux garçon, souverainement gentil-homme dans la structure de son corps, dans la laideur osseuse mais si intellectuelle de son visage.

— Mon cher Wartz, dit-il, que vous êtes en retard !

Et il leur sérrait la main à tous deux, comme à deux enfants.

— Il va maintenant falloir saluer Sa Majesté, reprit Wartz âprement ; j’aurais préféré me dispenser de ces grimaces. Il est hypocrite d’offrir ces politesses-là à une femme dont le but de votre vie est de ruiner le pouvoir.

— Va donc, fit Madeleine ; nous sommes invités