Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/213

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exercices d’esprit qui lui étaient délicieux. Seulement, Saltzen ne venait pas. De toute la semaine, elle ne l’avait pas vu. Rarement il avait négligé pendant tant de jours ses petites visites. Et les heures de la jeune femme s’écoulaient, désespérément longues. Elle redoutait de sortir à pied depuis que l’atroce pèlerinage à travers la ville, le jour des émeutes, l’avait tant ébranlée. Elle était allée voir son père deux fois, mais il avait à peine eu le temps de la regarder, les journalistes étant sur les dents quand le pays traverse une crise pareille. À leur entrevue, trois ou quatre rédacteurs du Nouvel Oldsburg étaient présents, et un garçon de bureau n’avait pas cessé, le temps qu’ils échangeaient quelques mots, de venir déposer des leltres ou des demandes d’ordres sur la table de travail de M. Furth. Elle était rentrée avec l’impression affreusement triste d’être une personne nulle, inutile, dont la présence embarrassait. Elle cherchait si elle ne tenait pas au moins au cœur de quelqu’un ; mais non ; même pour Samuel, elle ne comptait plus qu’à peine. L’après-midi elle recevait quelques amies, elle brodait ; dès que la nuit tombait, elle commençait d’attendre Saltzen, dont c’était l’heure favorite pour venir la voir. Les soirées solitaires s’allongeaient ainsi,