Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/215

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Elle calcula les heures ; il pouvait recevoir ce mot avant le soir ; elle allait donc le voir arriver en hâte, l’air épanoui par cette idée qu’elle l’appelait, plus confiant que jamais, égrenant les diamants de son esprit avec chacune de ses paroles, et elle dirait tout ce qui lui pesait tant sur le cœur : elle confesserait son chagrin, la faute de Samuel, ou ce qui lui semblait tel, — et il l’éclairerait en lui montrant ce qu’elle ne savait peut-être pas comprendre.

Mais encore ce jour-là elle attendit en vain. Saltzen ne vint pas. Durant la soirée seulement, il lui répondit, dans une lettre très brève, qu’il était fort retenu par la préparation de sa candidature, qu’il ne les oubliait certes pas, mais que se rendre au Ministère lui était impossible.

Madeleine stupéfaite lut et relut ces phrases froides. Était-ce vraiment un mot du vieil ami ? Il lui semblait retrouver méconnaissable, après une absence, une personne très aimée autrefois. Ainsi, quand elle lui demandait de venir, avec des paroles qui eussent dû le toucher jusqu’aux larmes, il s’excusait de cette manière, sèchement, comme on s’exempte d’un devoir ennuyeux.

« — Mais je me suis trompée, pensa-t-elle, il ne m’aime pas ! »