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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/229

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par un enthousiasme pacifique ; l’heure approche où tu seras ton propre maître ; prouve ta dignité par ton calme.

— Wartz ! ah ! ah ! ah !… Vive Wa-a-artz !

Et dans la nuit tiède où flottaient des vapeurs printanières, le duo d’amour continuait, le duo du balcon, banal et sublime, entre la foule conquise et son maître. Il articulait en paroles les grandes idées vagues qui s’agitaient dans les esprits : le règne de la Liberté… la noblesse de la Démocratie… le Progrès… Et la foule répondait par ses acclamations de folie, comprenant bien moins le sens des mots que leur harmonie grisante. À la fin, las de cette idolâtrie brutale, qui semblait l’écraser, fatigué de cette fixité des yeux dardés sur lui dans cet océan de visages blancs qui se levaient des ténèbres, il salua et referma la fenêtre. Alors la foule hurla et piétina ; il s’éleva des cris déchirants : « Wartz ! Wartz ! » suppliait-elle. Et comme il ne reparaissait pas, elle se rua aux façades dans une charge épouvantable ; elle redoubla de cris. Le murmure mélangé de passion et de colère s’éploya le long des quais, vibra aux vitres closes ; il monta dans la ville qu’il emplissait comme une menace sourde, et tous les habitants, ceux des quartiers les plus lointains