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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/231

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ses replis puis elle s’allongea, s’effila dans l’étroite rue aux Moines. Et les habitants, réveillés en un sursaut de terreur, se cachaient, en vêtements de nuit, derrière les rideaux entr’ouverts, pour la voir passer, rampant, buttant aux trottoirs, noir mouvement qui renaissait sans cesse et d’où montait le chant national, avec des dissonnances et des contre-temps lointains indiquant où s’attardaient encore, là-bas, les extrémités du monstre.

Après la place de la Cathédrale, qu’elle coupe, la rue aux Moines se rétrécit encore. D’être plus pressés corps à corps, plus maintenus dans les limites rapprochées de leur route, et plus contraints, ils s’exaspérèrent davantage. Rue aux Juifs, ils tournèrent. Le Palais royal apparut.

Il se découpait en noir sur le noir plus sombre de la nuit avec ses trois corps d’architecture et ses clochetons gothiques multipliés le long du faîte. Une grille monumentale fermait la cour d’honneur ; au travers des sombres guirlandes de fer, se voyaient la façade aux puissants reliefs de pierres ciselées, les fenêtres plombées, encastrées dans la moulure profonde, où fleurissaient des roses en plein cintre comme fronton. Des lucarnes monumentales hérissaient le toit, dressant en l’air l’enchevêtrement délicat de leurs ogives pointues.