Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

neur, elle était pleine déjà, et l’on avait commencé de se battre dans l’angle où s’ouvrait le corps de garde, dont une dizaine d’hommes étaient sortis.

Ce fut sinistre. Il pleuvait toujours. Dans les fanaux de la cour, la flamme du gaz n’apparaissait qu’à travers des vitres baignées de larmes ; les gargouilles du toit crachaient l’eau goutte à goutte, et la pluie saupoudrait les visages. Dans la nuit profonde, plus assombrie encore à cette minute par une chevauchée de nuées noires au ciel, la cour bougeait, vibrait, vociférait. Les dix hommes de garde, apparus dans leur capote blanche, comme des fantômes, avaient croisé la baïonnette. Les assaillants se ruèrent sur eux. Il y eut quelques poitrines déchirées, des gémissements ; puis des centaines de bras terribles, aux muscles durs comme du métal, désarmèrent les soldats qui furent assommés. Les dix grands cadavres blancs s’affaissèrent, et le flot noir roulant dessus parut les anéantir.

La foule brandissait maintenant les dix baïonnettes ; elle défonça un pan de porte ; mais le front de la cohue s’abstint d’entrer toute une minute, ébloui de ce qu’on voyait ici.

C’était un atrium où régnait comme une douce lumière de jour. Sur les dalles de marbre rose où,