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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/236

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les tapis traçaient des sentiers, s’élevaient des socles peuplés de statues mythologiques. Un escalier montait, le long duquel, sur les murailles arrondies de la cage, s’apercevaient les nuances tendres des fresques. Adroite et à gauche, par des portes ouvertes, on entrevoyait deux galeries, des galeries profondes dont les plafonds cintrés s’allongeaient, peints d’or, de rouge et de bleu. Ils semblaient incrustés de lazulite, de corail et de cuivre brillant. Ils miraient leur forme de vaisseau dans le glacé des parquets. C’était des galeries de tableaux, car le vieil or des cadres luisait aux murs, entre des colonnes simulées, en albâtre.

Les envahisseurs croyaient voir des salles construites en pierres précieuses, dont un seul fragment aurait comblé leurs convoitises. Une Béatrix nouvelle s’évoquait, créature de volupté, repue de magnificence, usant ses doigts de belle oisive au toucher des substances précieuses, ne connaissant que l’or, le marbre et la soie, pour tous matériaux autour d’elle. Retirée de l’humanité, femme en dehors des femmes, elle avait joui de ce qu’ils n’avaient jamais connu ; elle n’était plus seulement une ennemie de la liberté, mais une créatrice de misère. Ils voulaient la tenir, eux, les rois nouveaux, sous leurs muscles et sous leur rage.