Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je puis t’assurer que je l’ignore… prononça-t-il en s’en allant.

— Oh ! balbutia Madeleine, comme tu me réponds !

Elle le sentait lui échapper de plus en plus.

Personne ne doutant que le ministre de l’Intérieur ne tînt secrètement la clef de la grande énigme, presque toutes les amies de Madeleine, poussées par la curiosité, vinrent ce jour-là. Mais elle ne reçut pas. Un deuil secret voilait son cœur, et elle se retirait dans son isolement pour en mieux savourer l’amertume,. Elle fit le bilan des jours passés ; ils lui semblèrent béants d’un vide immense, celui qu’avait laissé, en se retirant vers d’autres soucis, l’âme amoureuse de Samuel. Pris par les fatigues et les veilles nocturnes, il avait fait leurs nuits solitaires ; leurs tête-à-tête étaient furtifs, hâtifs, sans joie. Une sorte d’absence subtile de lui-même persistait quand il était là, et dans ses yeux, chargés de nouveaux et puissants désirs, l’étincelle d’autrefois ne jaillissait plus à la vue de Madeleine.

La phase la plus exquise de sa vie d’épouse était-elle donc révolue déjà, après douze mois, douze mois fugaces, rapides, merveilleux comme une série de rêves !