Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/252

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Mais elle n’y aurait laissé ni un indice, ni un adieu, ni un message, rien qu’un peu de son parfum, subtilement attaché aux choses. Et ce parfum s’insinuerait en lui par ses narines, par sa bouche, par tous ses pores, et il recevrait alors le choc de la première angoisse, en devinant que ces senteurs évaporées seraient désormais les seuls restes impalpables de cette jeune compagne près de laquelle il avait pensé, souri, causé, vécu et dormi, toute une année. L’oreille aux écoutes, épiant son retour, il commencerait de souffrir son martyre ; la petite pendule de sa chambre sonnerait onze heures de la nuit, et sa femme ne reviendrait pas. Affolé bientôt, hors de lui-même, il courrait chez Franz Furth, son beau-père, au Nouvel Oldsburg, chez Gretel, l’amie de sa femme. Mais sans avoir prévenu personne, Madeleine se serait évanouie dans l’ombre, comme morte du sevrage d’amour. Il reviendrait chez lui, haletant, éperdu, jetterait comme un cri : « Madeleine ! » dans le silence. Avec l’espoir de l’y trouver endormie il viendrait fouiller son lit. Mais le lit serait intact, rigide et glacial.

Et de toute la nuit, il ne pourrait dormir, à force de fièvre.

Et ni le lendemain, ni le surlendemain, Made-