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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/253

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leine ne reviendrait. Oh ! comme il souffrirait, comme il se rappellerait avec désespoir ses baisers, ses caresses, l’iris bleu de ses yeux avec toutes leurs taches minuscules qui les faisaient si tendres, et le poids de son corps, et la forme de ses mains, et tout ce qu’il ne reverrait plus, jamais, jamais. Comme il sangloterait, à genoux, comme il regretterait de ne l’avoir pas su retenir, comme il maudirait sa gloire, les poings crispés de douleur, de colère et de remords.

Et de penser à cette torture, Madeleine pleurait aussi, toute palpitante d’amour et faisant le vœu secret que Samuel revînt de suite, afin qu’elle pût lui jeter les bras au cou, l’enlacer, baiser ses tempes fatiguées, et le consoler de ces imaginaires peines qu’elle venait de lui créer, dans les tristesses de son esprit surexcité.

Elle vint guetter son retour, aux larges fenêtres à balcons du salon officiel, où, le rideau soulevé, elle embrassait la longue chaussée blanche des quais. En février déjà, le crépuscule se prolonge, s’attarde. Ces fins de jour qui traînent, s’alanguissent, ont, vers le printemps proche, de sourds appels indéfinissables. La transition des saisons s’y affirme.

Le vent du sud chassait vers la ville les fumées