— Monsieur Saltzen demande si madame veut bien le recevoir, dit Hannah, en entr’ouvrant la porte.
— Mais oui, Hannah ! mais oui, répondit-elle vivement.
Et elle se rappela son rêve, Saltzen si triste, si émouvant :
« J’ai le mal de ceux qu’on n’a pas devinés. »
Son cœur battait un peu quand on introduisit le vieil ami.
— Ah ! je suis heureuse de vous voir enfin, docteur, fit-elle en lui abandonnant ses deux mains, dans une bienvenue à demi câline, oui, oui, bien heureuse.
— Et le grand homme ? dit-il, souriant.
Elle trouva dans ce sourire quelque chose de fiévreux, de factice et de découragé qui rappelait encore le songe de cette nuit. Puis, répétant la question amèrement :
— Le grand homme ! il n’est pas ici, bien entendu, il n’est jamais plus ici, jamais plus ! À peine si je le vois. Et vous aussi, vous vous faites rare, docteur, je vous attends depuis bien des jours* N’avez-vous pas été souffrant ?
— Moi ? non, non… je vous remercie, ma chère enfant.