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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/26

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nous allons la voir, je ne suis pas absolument de sang-froid.

— Cher monsieur Saltzen, dit Samuel qui souriait, vous êtes un poète.

— Non, reprit le vieux délégué, je suis Poméranien. Les opinions politiques sont faites bien moins d’idées que de sentiments ; depuis huit siècles que nous sommes sujets des rois, nous avons au fond de nous-mêmes une force — ou une faiblesse — monarchiste. Les principes nouveaux, la conception d’une noblesse sociale plus moderne, font monter le niveau des idées : on a l’opinion plus haute, si je puis dire ; mais, de temps en temps, il vous revient quelque chose du passé. Vous avez vu quelquefois des nénufars dans les lacs. Quand viennent les grandes pluies, que le lac grossit, qu’il déborde et ruisselle alentour, les nénufars poussent par-dessus tout, et continuent de s’épanouir toujours à fleur d’eau. C’est comme cela que font en nous les vieux sentiments politiques de nos pères ; eux aussi, sans qu’on le veuille, nous remontent parfois à fleur d’âme… Venez-vous, Wartz ?

C’était le moment où, pendant que l’orchestre se taisait, les couples s’en allaient au buffet. L’oncle Wilhelm souleva la portière pour que