Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et il monta, dans l’hôtel de ville, l’escalier aux lentes spirales, dont la rampe en fer forgé dessinait comme une grecque brodée en noir sur le blanc des dalles. Il tressaillit, quand il passa devant la fenêtre où Madeleine et lui s’étaient arrêtés, le soir du bal. Dieu ! que ce souvenir lui semblait lointain ! Il neigeait, ce soir-là ; dehors les choses s’enflaient, se gonflaient de blanc ; et Madeleine avait aussi une robe de neige, attiédie et gonflée par les formes de son corps blanc… Il compta les jours ; il n’y en avait pas quinze. Quelles gravités avaient depuis alourdi sa vie !…

Il eut une puissante aspiration de lassitude, puis il remonta vers le second étage où l’attendait « tout le jour » la tragique personne.

Là-haut, comme il errait dans ce long couloir claustral, cherchant à deviner laquelle de ces multiples portes cachait, dans l’uniformité de la bâtisse, le mystérieux appartement, l’une d’elles s’ouvrit et le duc de Hansegel apparut. Hautain, portant insolemment la tête, avec un tic spécial du menton qui jetait en avant sa légère barbe rousse, il chercha le monocle pendant sur son veston gris clair, et se mit à lorgner le jeune ministre.

— Monsieur Wartz ? demanda-t-il.