Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/273

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— Et Monsieur de Hansegel ? fit le républicain. La Reine ?

— Sa Majesté vous recevra, j’espère.

Le duc disparut par l’une des portes. Quand il revint, presque aussitôt, ce fut pour introduire le ministre dans la chambre aux courtines argentées. Wartz aperçut, assise à la fenêtre, une femme enveloppée d’un châle noir ; elle était voûtée sous le châle que croisaient sur sa poitrine ses mains blêmes. Elle avait froid dans ces vastes pièces où le feu de houille, dans les cheminées, ne parvenait pas à sécher les anciennes humidités agglomérées, depuis des années, jusqu’au plafond lointain. Ses yeux, que la fièvre et les larmes avaient bistrés, se tournèrent vers Samuel. Elle lui fit pitié ; on n’imaginait pas un être plus vaincu, plus ruiné, plus dépouillé de tout ce qui avait été sa gloire et son orgueil. C’était une pauvre créature dont les yeux angoissés s’attachèrent à lui, les yeux aux sombres prunelles qui glissaient comme des perles noires sous le glacé des larmes. Elle dit :

— Duc, veuillez nous laisser.

Le duc sortit. Wartz, très gêné de ce tête-à-tête, s’approcha. Elle lui fit signe de s’asseoir ; il refusa, croyant lui donner là une marque de déférence, si vaine, fût-elle.