Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/274

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— Asseyez-vous, monsieur, fit-elle tristement, l’heure n’est plus à l’étiquette.

Wartz prit la chaise, et dit avec le même embarras :

— Je me suis empressé de venir…

— Oui, oui, je vois, monsieur, je vous en remercie. Vous êtes mon plus réel ennemi ; cependant j’espère de vous des sentiments de délicatesse dont votre visite m’est le gage. Si je suis ici, aujourd’hui, sans pouvoir, sans fonction, à la disposition de mes sujets, à la veille d’être reniée peut-être par la nouvelle Délégation, c’est, monsieur, que vous l’avez voulu. Vous avez un grand talent de parole, plus même, vous avez sur les esprits un pouvoir inexplicable. Ce pouvoir, vous l’avez employé à ruiner le mien ; vous avez dépensé votre génie à démontrer la fatalité de ma déchéance. Vous m’avez pris l’amour de mon peuple, mon autorité, mon honneur dynastique. Grâce à vous, je suis en butte à la pitié de l’Europe, à l’humiliante pitié des nations ; grâce à vous, je vais n’être plus rien. Je ne vous ai pas fait venir pour entendre mes plaintes ; j’ai contre vous des griefs tels que les mots ne sauraient les exprimer ; il me semble, d’ailleurs, que vous les devez sentir sans que je les énumère.