Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/291

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rencontra que sa main, sa main qui brûlait et qui le repoussait.

— Non, Samuel, non, j’aime mieux te parler d’abord.

Il continuait de ne voir dans son visage que la phosphorescence nacrée de ses yeux, quelque chose de morbide et de terrifiant.

— Madeleine ! cria-t-il éperdu, tu souffres ! qu’as-tu ?

Si la lumière lui eût permis de scruter, comme il le voulait, les traits de la jeune femme, il eût été encore plus troublé. Elle était livide, elle agonisait, la bouche déformée d’angoisse, les yeux apeurés, et tout son être dressé n’était qu’un effort, qu’une violence.

Comme elle ne répondait pas, il en conçut une espérance soudaine. Une association d’idées se fit entre l’enfant royal qu’il venait de voir, et les désirs flottants de paternité qu’il avait éprouvés souvent depuis son mariage. Il aurait aimé avoir un enfant ; il crut que le mystère de Madeleine lui réservait cette joie.

— Je veux te parler, dit-elle encore.

Il ne pouvait deviner l’effort que lui coûtait cette phrase.

— Souffres-tu ? répéta-t-il ; mais tu me tues.