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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/324

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Saltzen, elle crut lire, jusqu’au fond, le courroux de cette âme.

Une heure sonna. Madeleine sortit à pied, dans cette robe de drap sombre qui boutonnait au corsage sur de la soie rouge. Elle sortit par une porte dérobée, du côté des écuries du ministère, et gagna par une ruelle la rue Royale. Le soleil de février éblouissait les passants, il miroitait aux vitrines, et scintillait au verni des équipages. Un piétinement sonore sur le pavé sec retentit devant elle ; elle vit venir sur la chaussée une patrouille de la Garde.

— C’est vrai, soupira-t-elle tristement, nous sommes en Révolution.

Son âme, prise par cet autre orage intime déchaîné sur son foyer, avait oublié le grand orage national. Un changement d’État, le triomphe d’une opinion nouvelle, un nom nouveau remplaçant l’ancien, qu’était tout cela à côté de ce qu’elle endurait aujourd’hui ?

Comme elle gravissait, lasse et angoissée dans son énergie, la partie haute de la rue Royale, elle rencontra son amie Gretel. À cause d’un certain rêve qu’elle avait eu, l’image de cette jeune femme était liée à celle de Saltzen. Elle reconnut le même chapeau dont la passe était de tulle blanc,