Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/33

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bleau de rêve qui passait ; mais l’acte politique était lourd. Fallait-il qu’elle eût au cœur l’angoisse de la ruine, qu’elle sentit vraiment la nation lui échapper, Sa Majesté Béatrix, duchesse d’Oldsburg et reine de Poméranie, pour avoir, d’un signe, envoyé son neveu quêter la faveur de cette roturière ennemie !

Le délégué Saltzen avait suivi des yeux les deux jeunes gens.

— Comme les idées marchent ! dit-il.

Wartz s’était détourné, beaucoup moins pour causer avec son ami Braun, que pour ne voir pas Madeleine, sa Madeleine à lui, griser les autres… Mais ce n’était pas un mari ridicule, il savait ne pas aimer sa femme publiquement, et quand il se sentait par trop la mine d’un amoureux, il se mettait volontiers à parler d’interpellations, d’amendements, de votes et autres mets parlementaires.

Depuis quelque temps, il s’élaborait précisément à la Délégation quelque chose de très mystérieux : c’était une loi en gestation. Samuel, le premier, en avait parlé à ses amis ; il comptait la présenter lui-même : ce serait la loi Wartz. Tous en faisaient les assises d’une République sagace, consciente d’elle-même. Il s’agissait de recréer pour