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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/334

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lui ; elle avait trop compté sur son respect, sur sa délicatesse, pour qu’il put faire un geste, dire un mot de plus. Il se redressa et se mit à marcher à pas lents et glissés pour ne pas troubler cette lassitude qu’il lui voyait. Il prenait garde de ne heurter, ni le bois de son grand bureau, ni les cuirs ouvrés des sièges, ni le socle de ses bronzes. Il allait comme une ombre, tantôt ici, tantôt là-bas, dans le fond obscur où les fenêtres n’éclairaient plus. Et ce doux silence apaisa Madeleine en effet, comme il l’espérait. Elle ne pleurait plus. Elle leva ses yeux séchés, et, confuse de cette gêne qu’elle avait, par son imprudence, à jamais causée entre eux, elle chercha du regard le vieil ami.

La pâle figure ravagée était là-bas, dans l’ombre du fond, tournée vers elle, toujours. Depuis combien de temps la regardait-il ainsi ?

Elle se leva ; elle voulait partir tout de suite ; ce secret découvert entre leurs cœurs délicats n’était plus tolérable. Sur ses yeux rougis elle abaissa la voilette sombre, serra la fourrure sur la soie rouge de sa gorge ; elle allait dire adieu.

— Monsieur Wartz demande à voir monsieur le docteur, annonça le valet qui frappait à la porte.

Madeleine et Saltzen se regardèrent et dirent ensemble :