Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/336

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sa main puissante, sa main ronde et grasse d’homme de pouvoir, aux mains inquiètes, nerveuses, chercheuses de Saltzen, et il dit, de l’air le plus simple :

— Eh bien ! mais oui, docteur, je viens. Madeleine lui offrit sa joue à baiser, mouillée encore des larmes de tout à l’heure. Saltzen vint s’asseoir près de lui, affectueux et bon comme chaque jour ; ce fut autour de lui l’atmosphère toujours égale d’adulation secrète : on l’aimait…

— Madame Wartz est venue pour obtenir de moi que vous ne vous battiez point… Elle a su que vous aviez une affaire ; les femmes savent tout !

— Elle a su ? répéta Wartz, étonné.

Madeleine prit dans son porte-cartes la fleur de perce-neige :

— Reconnais-tu cela ? cette chose qui pousse sous le canon de deux pistolets insolites, sur une table de travail.

— Et tu as deviné que je me battais avec Hansegel ?

— Non… j’ai pensé…

Maintenant elle se troublait. Il y avait entre eux trois un mystère tel, qu’ils ne pouvaient l’effleurer d’un seul mot sans qu’une honte vînt offenser leurs âmes nobles. Entre eux trois il y avait un voile