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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/337

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tendu, et aucun n’osait le soulever, bien qu’il sut ce qui se cachait derrière. Entre eux trois il n’y avait plus, il ne pouvait plus y avoir que le silence, et ils ne s’entreregardaient même plus.

Ce furent les lourdes minutes tragiques d’un embarras qui pouvait n’avoir pas d’issue, qui n’en eût pas eu sans les idées exquises du bon Saltzen. Mais il était là ; il pensait moins à son chagrin qu’au trouble de Madeleine, il voulut qu’elle sortît d’ici sans rougir, sans que rien chagrinât sa candide conscience de jeune femme, sans qu’un souvenir douloureux lui restât de sa visite chez lui.

Il dit :

— Maintenant, Wartz, nous allons discuter ce qui nous occupe. Seulement, ces sortes de choses ne regardent pas les femmes, et il nous faudrait être seuls.

— C’est vous qui me renvoyez, docteur, dit Madeleine.

Rien dans son âme timorée n’aurait pu retenir en ce moment sa reconnaissance pour cette triste ruse du vieil ami. Elle vint à lui, sachant bien que c’était pour la dernière fois qu’ils causaient ainsi sans contrainte, la dernière fois qu’ils se voyaient vraiment, et que déjà était posée entre eux la base ide cette muraille mystérieuse dont elle avait parlé.