Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/339

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c’est si aisé d’être bon quand en est surhumainement heureux comme vous l’êtes ! Elle vous adore ; je l’ai vu ; tout son être en frémissait ; elle ne vibre que de vous, de votre pensée. J’ai scruté bien des cœurs de femmes ; jamais je n’ai rencontré cela ; elle pourrait en mourir, elle en vit ! Eh bien ! vous vous fâchez, Wartz ? vous gardez rancune au vieil ami ?… Vous vous êtes querellés, n’est-ce pas, à cause de moi ? Grand Dieu ! aurais-je pensé ! Vous m’en voulez de l’aimer aussi ? Ah ! si vous saviez ! si vous saviez ! Il ne faut pas m’en vouloir, mon ami. Toute sa vie, qui est devenue vôtre, maintenant, était entrée en moi ; j’ai vu ses grâces d’enfant ; si vous aviez connu ce petit être délicieux si féminin déjà : j’en ai gardé une image ineffaçable. Je l’ai vue un jour d’été, — elle venait d’avoir cinq ans, — elle portait une robe blanche, d’où sortaient ses petits bras nus, potelés, qu’elle croisait d’un geste charmant sur ses boucles noires ; et son rire d’alors je l’entends toujours me retentir dans l’âme comme un grelot lointain. Si vous l’aviez vue adolescente, aux années de la métamorphose, avec ses vagues ennuis de fillette, indécise entre les jeux et le rêve ; et plus tard, ses ardeurs de vie qui se tournaient vers la politique que son éducation masculine lui avait rendue familière ! Elle