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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/341

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C’est une biographie, cela, c’est la vraie, et tout ce qu’on y mettrait d’autre ne compterait pas. Tous êtes le mari, le jeune et heureux mari, vous pouvez me détester, ou mieux encore, rire. Oui, c’est cela, rire. J’ai tenu si ridiculement mon rôle ! Cacher son amour, s’étudier à l’indifférence, jouer la froideur, se flatter de son flegme indéchiffrable, pendant que les vrais amoureux, les amoureux en titre et pour de bon, malignement lisent entre vos ruses, surprennent les émotions les plus cachées de votre cœur, et possèdent à eux deux, pour s’en amuser, le secret, dont vous vous croyez seul maître ! Dites, Samuel, avez-vous ri ?

— Je n’ai pas ri, fit Wartz, gravement.

— Mais vous vous êtes fâché alors ? La pauvre petite est arrivée ici, tout à l’heure, mourante ; elle avait surpris quelques indices d’une affaire chez vous ; elle avait cru comprendre que nous nous battions tous deux ; pourquoi, dites ?

— Hier, docteur, je ne sais quoi m’avait rendu nerveux et mauvais. Nous avons causé de vous, je me suis irrité. Je l’aime bien, ma petite Madeleine, j’ai peur d’être trop rude pour sa finesse ; j’envie votre esprit ; j’ai été jaloux.

— Et vous me détestez ?

— Laissons cela, dit avec une colère retenue,