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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/348

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phrase : « Toute ma reconnaissance, madame, pour votre intérêt ; la blessure de monsieur Wartz est légère, l’éraflure d’une balle au bras gauche, dans le plan du cœur. »

Dans le plan du cœur ! Hansegel avait donc voulu le tuer !

À la vérité, rien n’était moins douteux. Le tuer, le mettre à mal en tout cas, l’empêcher d’être présent à la séance, délivrer la Reine de cette rivalité. Mais ces calculs étaient déjoués maintenant. Wartz était venu quand même ; on l’avait vu entrer, avec cette simplicité froide qui seyait tant à son rôle, son bras souffrant serré au corps par un pansement noir discret. Il se dérobait aux regards, repoussait toute ostentation de mauvais aloi. On avait deviné, plus qu’on n’avait vu, cette blessure ; il en ressortait plus de mystère, plus de stoïcisme ; on s’était extasié, et des milliers de tendres yeux s’étaient mouillés.

On regardait aussi curieusement la Reine. Ce n’était plus guère qu’une grande dame attristée, affligeante à voir, l’image d’un sombre passé dont il fallait se dégager. On lui en voulait d’être l’ennemie du Maître. La rancune étouffait la pitié.

Une indicible solennité planait sur l’Assemblée où régnait le silence. On sentait dès maintenant