Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/349

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que tout serait calme, que l’acte s’accomplirait froidement, religieusement. La Nation résidait ici, malade, exténuée, à la dernière période de la crise. L’heure était venue de l’opération suprême : on se recueillait. La Révolution s’achevait, sans trouble.

Le règlement voulait qu’en pareil cas on élût d’abord le président de la Délégation. Les divers groupes avaient presque tous mis en avant, selon la pensée du Maître, le nom de Saltzen. Il fut élu. Sa seule présence au fauteuil., en cette dramatique journée, accentua l’impression de gravité profonde qui dominait ici déjà. Salongue vie politique, connue de tous les Oldsburgeois, son charme de parole, sa prestance, la noblesse de tout son être sans âge, exerçaient déjà une autorité sur l’Assemblée. En plus de l’élégance du baron de Nathée, il possédait un autre avantage : la Force.

Mais on ne pouvait savoir dans quelle amertume il était venu s’asseoir à ce fauteuil, prendre ce rôle qui se présentait aujourd’hui lourd d’un si pénible devoir. On traitait autrefois Nathée de « maître de cérémonie ». Aujourd’hui Saltzen allait être le maître, le metteur en scène, de la grande cérémonie nationale. De tous ses collègues, il était peut-être celui sur qui l’influence royale de Béatrix agissait le plus fort. Nul n’avait comme