Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/35

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vous tenez sous votre idée ! Déposer la loi dans six semaines !

Wartz le regardait avec ce mélange de colère et de surprise qui donnait parfois une expression si singulière à ses yeux inégaux.

Son beau-père vint à la rescousse :

— Eh ! mon ami, vous ne m’aviez jamais confié ce prurit de législation ; quel homme pressé ! Parler dans un mois ! Mais le public n’est pas prêt, si vous l’êtes !

Et de tous côtés, — ils étaient sept ou huit à causer, — délégués et journalistes lui répétaient à peu près ceci : « Vous n’avez pas compris ce qu’on peut faire avec votre loi ! »

— Je sais ce que j’en veux faire, moi, répondit-il.

Il se sentait traité par ses collaborateurs, tous plus âgés que lui, comme un enfant de génie dont on exploite le miraculeux instinct en le dirigeant. Il avait, plus que la passion de la politique, celle de la République. Cette idée du peuple souverain le possédait de telle manière que c’était devenu pour lui une religion sans mesure, le fanatisme même. Il avait, des fanatiques, l’ardeur et la naïveté. Les autres étaient, ou de vieux hommes d’État comme Saltzen, experts en stratégie poli-