Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/353

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l’acte de renonciation au trône. Elle l’avait signé d’avance, elle l’avait apporté clandestinement, à bout d’efforts, sentant bien désormais que son endurance physique même était épuisée. Elle l’avait caché pour être libre de le lacérer si le miraculeux hasard qu’elle ne se lassait pas d’attendre la sauvait. Mais il n’y a pas de miracles pour les reines que la destinée poursuit, et, dès qu’elle était entrée, l’attitude de la salle l’avait avertie de la fin de tout. Ainsi elle ne faisait plus obstacle à son ennemi, elle livrait son abdication, elle remettait l’héréditaire pouvoir aux intrus, elle s’en allait, elle s’en allait silencieusement, n’ayant plus dans le cœur qu’un tumulte de sanglots.

Sa Majesté, cette adorable Majesté, dont huit, millions d’êtres s’éprenaient autrefois dès qu’elle apparaissait. Sa Majesté se leva, dans le sourd bruissement de la moire froissée. Sa traîne se déroula en flots noirs derrière elle. Tout le monde était debout, dans une espèce d’angoisse ; on la regardait ; n’allait-elle pas mourir ?

On la regardait une dernière fois ; elle s’en allait lentement. La plénitude et l’éclat de sa maturité étaient encore une des causes de sa grandeur ; on vit ses épaules, ses nobles flancs, tout son corps de statue fait pour tant de puissance. C’était