Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/354

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la fille de Conrad et de Wenceslas, d’Othon et de Wilhelm le Boiteux., la fille de Bertrand le Croisé, et la fille de cet aïeul lointain, au nom tellement magique et troublant qu’une goutte de son sang parfume de poétique gloire toute une race : Charlemagne. C’était aussi l’allégorie vivante de la Patrie, et elle s’en allait. Elle faisait un pas, deux pas, on n’entendait que le bruit de sa traîne de moire dure sur le tapis de la loge royale. Les deux gardes blancs de l’escorte présentèrent les armes. Elle disparut dans l’ombre du fond.

Alors avec un bruit de tempête, l’Assemblée se précipita vers les portes. Il y eut deux courants en tourbillon : l’un enclosait les ministres pour atteindre Wartz, l’autre cherchait Saltzen. La contrainte de tout à l’heure se transformait en folie maintenant, et quand la nouvelle de l’abdication eut commencé de courir la masse, le délire n’eut plüs de mesure. L’étrange sentiment que leur inspirait encore leur souveraine n’avait fait de tous ces hommes que des êtres impressionnés et plus vibrants, plus aptes, elle partie, à l’enthousiasme du régime nouveau. L’impatience les prit déposséder enfin la loi républicaine ; ils ne causaient plus, ils discouraient ; ils se haranguaient les uns les autres avec exaltation. L’heure présente avait fait