Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trois cents rhéteurs de ces trois cents hommes d’affaires publiques. C’était un rajeunissement national dont ils participaient, une griserie. Ils devinrent bons. Ils s’aimèrent dans la loi d’amour que serait le nouveau régime ; ils se dignifièrent dans la pensée de la liberté. Ce fut un baptême de grandeur qui les rénova pour entrer dans le lumineux futur du pays. L’horizon de l’histoire leur apparaissait comme un âge idéal de vertu et de bonheur. Ils parlaient avec une éloquence naïve de ces vertus civiques et de ce bonheur social.

La suspension de la séance fut longue. Presque tous les délégués cherchèrent à voir Samuel Wartz et n’y parvinrent pas. Il s’était éclipsé. On l’avait pressenti pour un projet de gouvernement provisoire dont il devait être le chef. Mais il s’était récusé pour cette dictature dont le principe blessait dans son berceau la jeune Liberté. On supposa qu’il avait fui pour se soustraire à de nouvelles sollicitations.

L’office de l’Intérieur, même dans une République, a bien des semblances de dictature, semblances discrètes, inconnues et réelles, qui peuvent, du ministre, faire un homme redoutable d’autorité ; mais on a toujours le sentiment que cette autorité tire sa genèse du peuple, et cela