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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/356

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suffit à calmer l’opinion alarmée. Saltzen l’avait dit : les opinions sont des sentiments.

Quand Wartz fut revenu après sa mystérieuse absence, la séance reprit. Il se fit, une fois la salle pleine, un tel calme, qu’on aurait cru ces hommes politiques prêts à voter, dans la somnolence, quelques centimes additionnels sur la circulation d’une denrée alimentaire ; mais leurs paumes posaient à leurs pupitres, et si l’on avait prêté l’oreille attentivement, on aurait entendu les pupitres trembler sur toute la courbe de leur ligne.

Le papier grinça là-haut, sous la main du président Saltzen ; il décachetait le pli royal. Son flegme parut à tous parfait. On n’ignorait pas qu’il était à demi mort d’émotion et de religieux trouble, mais on lui sut gré de cette impassibilité si conforme à son rôle. Nathée fût retombé à son fauteuil, sans voix et sans force ; pour Saltzen rien ne parut de l’angoisse qui lui glaçait le sang dans les veines. Sans que sa voix fût altérée, il lut l’acte de Béatrix ; le dernier acte : « Moi, Béatrix de Hansen, reine de Poméranie… (chacun de ces mots, un à un, tombait comme une chose d’or dans ce reliquaire géant qu’est l’histoire) je déclare… » Elle n’avait pas absolument copié la formule prescrite ; son incomparable personnalité reparaissant