Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/357

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jusqu’au bout, elle avait changé les mots, voulant, dans son humiliation, non pas obéir, mais agir en maîtresse d’État ; elle ne disait pas : « Je déclare me soumettre », mais ceci : « Je déclare, pour épargner à mon peuple les horreurs d’une lutte civile et d’une révolution, abandonner de ma propre volonté, et dans la plénitude de ma raison, mes droits au trône poméranien, avec ceux de mes descendants. »

— À la tribune, Wartz ! dit une voix dans les bancs.

— À la tribune ! en répétèrent cent autres.

L’ancienne idole tombée, on voulait acclamer l’autre.

Et l’autre apparut, identifié à cette minute avec l’idéal d’État qu’il avait créé. L’hémorragie de sa blessure, le matin, l’avait affaibli visiblement ; il n’y fît pas allusion ; il parla d’une voix creuse, abrégeant les discours de feu qui lui montaient aux lèvres. Il semblait s’attachera faire disparaître sous l’Idée, sa personne extérieure. Le bras serré au corps par le bandage de soie noire, la pâleur et les ombres de fièvre sur son visage étaient les seuls indices de sa souffrance. Il parut même laisser inaperçues les marques d’enthousiasme dont il était l’objet.